La recherche progresse dans la définition d’une condition et la façon de gérer les troubles du spectre autistique associés. Ce que nous savons pour sûr aujourd’hui, c’est que vous devez agir rapidement pour donner à votre enfant les meilleures chances.
Diagnostiquer l’autisme chez les nourrissons
La recherche aide à mieux comprendre ce qui se passe dans le cerveau des jeunes enfants. Une récente étude américaine montre que l’autisme peut être diagnostiquée dès l’âge de 6 mois. Ceci est également confirmé par des spécialistes français.
La plasticité du cerveau est plus élevée chez les enfants. D’où l’importance de continuer à améliorer le diagnostic précoce de l’autisme afin d’agir le plus rapidement possible. En particulier grâce aux techniques de réhabilitation du cerveau (une sorte de physio du cerveau) pour rétablir les connexions entre les neurones ou à l’utilisation antérieure de méthodes comportementales, telles que L’ABA ou le modèle de Denver.
Obtenir un diagnostic précoce est essentiel car nous savons maintenant avec certitude que nous pouvons agir à temps dans le développement futur de PAGE D’ACCUEIL l’enfant”, explique Bernadette Roge, psychologue et professeur de psychologie clinique à L’Université de Toulouse 2-Jean-Jaurès. Plus tôt nous interviendrons, dès les premiers signes, plus nous aurons de chances de permettre un développement proche de la normale et une meilleure qualité de vie. »
Surveillance oculaire et autisme: détection d’anomalies
En 2013, des chercheurs américains ont pu identifier les facteurs de risque d’autisme chez les enfants entre 2 et 6 mois de vie en suivant le mouvement de leurs yeux grâce au “suivi des yeux”.”
Cette méthode d’observation du suivi oculaire, sur laquelle nous travaillons également en France, est extrêmement prometteuse”, confirme Bernadette Roge. Cet outil analyse comment un enfant explore un visage ou une scène. Nous étudions actuellement l’exploration visuelle d’un visage, qui est généralement biaisés, en partant de la gauche, et n’est pas observée chez les enfants atteints d’autisme. Ce nouvel indicateur est une mesure objective et vraiment intéressante pour analyser ce qui n’est pas vu à l’œil nu. »
En plus de la recherche sur la surveillance oculaire, le laboratoire Octagon travaillera sur l’analyse de l’activation cérébrale par électroencéphalogramme (EEG). Ce type de mesure pourrait être un indicateur précoce du risque de l’autisme. De la même manière, l’augmentation du périmètre crânien seront pris en compte, probablement en raison de neuronales élagage qui ne serait pas faite de la même manière, à la fin de la première année, chez les enfants à risque d’autisme.
La recherche sur l’imagerie médicale (IRM du cerveau) progresse également à pas de géant. L’IRM nous permet d’observer des anomalies dans le cerveau, en particulier dans les domaines de la reconnaissance faciale, du langage, etc. qui ne sont pas toujours visibles dans le cerveau.
Un nouveau centre d’experts en autisme à Limoges
La naissance récente d’un centre d’experts en autisme devrait permettre de construire une nouvelle voie de diagnostic précoce de l’autisme et de prise en charge des enfants âgés de 18 mois à 6 ans. Cette structure expérimentale vient d’ouvrir ses portes à Limoges et rassemble de nombreux professionnels de l’autisme, cliniciens, chercheurs, psychologues…
L’objectif sera de fournir une véritable voie de détection et de prise en charge de l’autisme chez les enfants, qui sera moins coûteuse, surtout pour les familles, et plus efficace”, explique Eric Lemonnier, pédopsychiatre, médecin hospitalier et responsable de ce nouveau service. En juin, notre centre accueillera environ 30 enfants. Ensuite, nous espérons ouvrir d’autres centres en France. Nous allons prouver que cela fonctionne, la tâche est immense, mais nous sommes prêts. »
Ce centre d’experts en autisme, associé au Département de neurosciences de L’Hôpital Universitaire de Limoges, développera également une approche d’intervention précoce importée des États-Unis: le modèle D’apparition précoce de Denver (ESDM).
En savoir plus sur le diagnostic précoce de l’autisme
- D’intervention précoce en autisme: le modèle de Denver pour jeunes enfants, Sally J. Rogers Y Géraldine Dawson, Ed. Dunod, 38 euros.
- Autisme, comprendre et agir, Bernadette Roge, ed. Dunod, 26,90 euros.
- Circulaire du 17 juillet 2014 précisant les principaux objectifs de la prise en charge précoce de L’autisme pour toutes les familles et dans toutes les régions.
- 3e plan contre l’autisme (2013-2017).
Témoignage: insister sur la détection de l’autisme
Hélène, la mère de Louis-Marie, souffre d’un trouble du spectre autistique.
Depuis que j’ai 6 mois, j’avais des doutes. Mon fils a vomi, a mal dormi, ne m’a pas regardé dans les yeux, s’est balancé. Quand j’ai parlé de l’autisme à mon médecin, j’ai senti que j’avais dit un mauvais mot! Un autre médecin m’a dit que je serais un ” artiste.”À l’hôpital, il était soupçonné d’avoir abusé de mon bébé. Un libéral pédopsychiatre enfin écouté et m’a proposé un suivi. Avec des soins multidisciplinaires depuis l’âge de 2 ans, mon fils a fait de grands progrès. Il a commencé à parler, il ne balançait plus et maintenant il va à l’école avec un AVS. Le fait que nous puissions lancer immédiatement le soutien approprié était notre plus grande opportunité. Tous les parents devraient pouvoir en bénéficier. Ceux qui n’ont pas encore été diagnostiqué devraient insister et insister encore. Une mère doutes sont rarement fausses alarmes.
Avis d’Expert: diagnostic précoce de l’autisme à partir de 12 mois
Bernadette Roge, psychologue et professeur de psychologie clinique à L’Université de Toulouse 2-Jean-Jaurès, membre principal de L’Institut Universitaire de France.
Au sein de L’Unité de recherche Octogone, qui regroupe des spécialistes de l’autisme, au carrefour de diverses disciplines(Psychologie, Sciences du langage, etc.), et au sein d’un consortium international, nous sommes en train de croiser l’utilisation de deux outils: Chat et M-Chat. Ce sont des questionnaires et des outils d’observation pour les professionnels et les parents, grâce auxquels il serait relativement facile de proposer des diagnostics à partir de l’âge de 24 mois. En plus de la collaboration indispensable entre les parents et les professionnels, une meilleure formation des pédiatres et des professionnels de la garde d’enfants dans ce domaine serait utile. L’objectif à court terme sera de diagnostiquer les enfants dès 12 mois. Face à un enfant qui ne tient pas la tête, n’interagit pas avec son entourage, certains médecins continuent à rassurer les parents et ne font rien. Nous ne pouvons plus fonctionner comme il y a 15 ans parce que, pour les familles, ce sont des années perdues.
Isabelle Malo